Le dialecte en chiffres

Quelques chiffres-clés sur l'Alsace
Pratique de l'alsacien
Etudes

Quelques chiffres-clés sur l'Alsace

- Nombre d'habitants en Alsace : 1 884 150 (source INSEE, recensement 2019)
- Densité : 228 hab./km² (source INSEE, recensement 2019)
- Superficie : 8280 km²

 

Pratique de l'alsacien

- Les locuteurs : quelques chiffres de 1900 à 2022

 Se déclarent dialectophones en ...

2022

(7)

2012

(6)

2001

(1)

1997

(2)

1946

(3)

1900

(3)

 % de la population

46% 43%

 61%

 63%

 90,8%

 95%

  Sources (1) (2) (3) (6) (7)

D’après l’étude sociolinguistique sur l’alsacien et l’allemand réalisée par la Collectivité Européenne d’Alsace en 2022, parmi les habitants d’Alsace :

  • 36 % déclarent savoir très bien parler l’alsacien
  • 10 % déclarent savoir assez bien parler l’alsacien
  • 19 % déclarent savoir parler quelques mots d’alsacien
  • 34 % déclarent ne pas savoir parler alsacien du tout

En revanche, la compréhension de l’alsacien atteint les 56 % :

  • 44 % déclarent très bien comprendre l’alsacien
  • 12 % déclarent le comprendre assez bien

- Age moyen des locuteurs

Toujours d’après l’étude sociolinguistique sur l’alsacien et l’allemand réalisée par la Collectivité Européenne d’Alsace en 2022, plus l’échantillon interrogé est jeune, plus le pourcentage de déclarants sachant parler l’alsacien est faible :

  • parmi les 18-24 ans, 9 % déclarent savoir parler l’alsacien (3 % très bien - 6 % assez bien)
  • parmi les 25-34 ans, 19 % déclarent savoir parler l’alsacien (11 % très bien - 8 % assez bien)
  • parmi les 35-44 ans, 28 % déclarent savoir parler l’alsacien (16 % très bien - 12 % assez bien)
  • parmi les 45-54 ans, 43 % déclarent savoir parler l’alsacien (30 % très bien - 13 % assez bien)
  • parmi les 55-64 ans, 69 % déclarent savoir parler l’alsacien (59 % très bien - 10 % assez bien)
  • chez les 65 ans et plus, 79 % déclarent savoir parler l’alsacien (69 % très bien - 10 % assez bien)

L’étude sur le dialecte alsacien OLCA / EDinstitut de 2012 quant à elle, fait état de 3 % de locuteurs chez les 3-17 ans (issu du déclaratif parent).

- Répartition géographique

D'après l'enquête "Etude de l'histoire familiale" réalisée par l'INSEE en 1999 - cf. source (5) - "l'alsacien est nettement moins parlé dans les trois grandes agglomérations (Strasbourg, Colmar et Mulhouse), avec moins d'un tiers des adultes. [...] A l'opposé, la pratique du dialecte reste la plus forte dans le nord du Bas-Rhin, avec plus de la moitié des adultes en moyenne pour l'ensemble des zones d'emploi de Saverne-Sarre-Union, Wissembourg et Haguenau-Niederbronn".
L’étude OLCA/EDinstitut de 2012 tire les mêmes conclusions. Le taux de dialectophones y est estimé à 46 % dans le Bas-Rhin et à 38 % dans le Haut-Rhin, avec des écarts importants entre les trois grandes agglomérations et les campagnes ou petites villes. À titre d’exemple, on relève :

  • 74 % de locuteurs dans la région de Wissembourg contre 23 % de locuteurs à Strasbourg
  • 49 % de locuteurs dans la région d’Altkirch contre 33 % de locuteurs à Mulhouse.

- Habitudes de pratique

L’étude sociolinguistique sur l’alsacien et l’allemand de la CEA - cf. source (7) - se penche sur les habitudes de pratique, à la fois dans le cercle familial, mais aussi amical et socioprofessionnel.
On apprend ainsi que les interrogés ayant un usage quotidien de l’alsacien pratiquent "toujours" la langue :

  1. avec leurs parents : 27 % des interrogés
  2. avec leur conjoint : 21 %
  3. avec leur(s) enfant(s) : 6 %
  4. avec leur(s) petit(s)-enfant(s) : 3 %
  5. avec des amis : 14 %
  6. au travail : 8 %
  7. avec des commerçants : 4 %
  8. dans des administrations : 1 %

Dans l’étude OLCA/EDinstitut de 2012 - cf. source (6) - l’utilisation de l’alsacien au sein de la famille se déclinait comme suit :

  1. avec leurs grands-parents : 91 % des interrogés
  2. avec leur père : 81 %
  3. avec leur mère : 79 %
  4. avec leur conjoint : 69 %
  5. avec leur(s) enfant(s) : 39 %
  6. avec des amis et voisins : 47 %
  7. au travail : 34 %
  8. avec des commerçants : 35 %
  9. dans des administrations : 15 %

Cette même étude met également en lumière que seuls 34 % des locuteurs utilisent systématiquement l’alsacien. À l’inverse, 58 % déclarent n’utiliser la langue que "quand cela s’y prête".
Si l’on pose les deux études en regard, on peut remarquer que les situations dans lesquelles l’alsacien est utilisé par ses locuteurs ainsi que les personnes avec qui l’on communique le plus souvent dans la langue ont subi une évolution, notamment dans la pratique avec les jeunes générations. Celle-ci est devenue peu courante et l’on constate une baisse de la transmission familiale, confirmée par le chiffre de 3 % de locuteurs chez les 3-17 ans, évoqué plus haut.

- Transmission de l’alsacien

L’étude sociolinguistique sur l’alsacien et l’allemand de la CEA - cf. source (7) - atteste d’un fort manque de vitalité dans la transmission de la langue. En effet, seules 14,3 % des personnes interrogées parlant très bien l’alsacien déclarent que leurs enfants parlent également très bien l’alsacien.
L’étude OLCA/EDinstitut de 2012 - cf. source (6) - apporte des éclaircissements sur les principaux freins à la transmission parmi les personnes interrogées :

  • 26 % des locuteurs n’ayant pas transmis l’alsacien à leur(s) enfant(s) ne l’ont pas fait parce-que leur conjoint ne parlait pas alsacien
  • 16 % des locuteurs évoquent un manque de motivation de la part des enfants
  • 15 % des locuteurs disent avoir préféré le français comme langue familiale
  • 15 % font référence au temps où il était interdit de parler alsacien à l’école

- Souhaits d’apprentissage

Alors que la transmission familiale est devenue minoritaire, l’étude sociolinguistique sur l’alsacien et l’allemand de la CEA - cf. source (7) - constate que 50 % des parents souhaiteraient que leur(s) enfant(s) apprennent l’alsacien.
Parmi eux :

  • 82 % aimeraient que cet apprentissage se fasse à l’école
  • 56 % aimeraient que les enfants apprennent l’alsacien en famille
  • 47 % aimeraient que cet apprentissage se fasse à la crèche ou avec l’assistante maternelle
  • 29 % aimeraient que les enfants apprennent l’alsacien avec eux-mêmes, leurs parents

Au total, 76 % des personnes interrogées pensent que davantage d’enfants devraient apprendre l’alsacien. De plus, 54 % d’entre elles sont favorables à l’enseignement de l’alsacien à l’école.
Dans l’étude OLCA/EDinstitut de 2012 - cf. source (6) - l’école est déjà identifiée comme l’acteur le plus influent pour l’avenir de l’alsacien (à hauteur de 31 % des personnes interrogées).

- Perception du dialecte

Selon l’étude OLCA/EDinstitut de 2012 - cf. source (6) - parler alsacien n’est pas perçu comme ringard : 91 % des interviewés réfutent cette affirmation. Par ailleurs, 82 % des interrogés estiment que la promotion de l’alsacien est très importante.
L’Etude sociolinguistique sur l’alsacien et l’allemand de la CEA - cf. source (7) - vient confirmer le lien identitaire très fort des Alsaciens avec le dialecte : 49 % des interrogés pensent que si l’alsacien disparaissait, l’Alsace perdrait de son identité.
Les atouts de l’alsacien sont également mis en avant dans les réponses des interrogés, puisque 55 % d’entre eux pensent que parler cette langue est un atout professionnel et un tremplin vers d’autres langues.
Enfin, 73 % des personnes interrogées pensent que l’on devrait en faire davantage actuellement pour promouvoir et mettre en avant l’alsacien.

> Etude sociolinguistique sur l’alsacien et l’allemand de la Collectivité Européenne d’Alsace, réalisée en 2022

Télécharger l'étude sociolinguistique sur l’alsacien et l’allemand de la  CEA sur le site de la Collectivité européenne d'Alsace
 

> Etude sur le dialecte alsacien OLCA / EDinstitut de 2012

Voici une synthèse des résultats de cette enquête :
Etude sur le dialecte alsacien OLCA / EDinstitut de 2012 (PDF, 1 Mo)

L’étude complète est disponible en consultation dans notre Centre de Documentation et sur demande écrite motivée auprès de l'OLCA.
 

Sources : Toutes les sources citées sont disponibles dans notre Centre de Documentation

  1. Enquête DNA/ISERCO réalisée auprès de 600 personnes représentatives de la population alsacienne. Résultats parus dans les Dernières Nouvelles d'Alsace du 21 septembre 2001 : article "Erosion naturelle"  par  Claude Keiflin
  2. Etude sur le bilinguisme d'Alsace réalisée par MVS pour l'Office Régional du Bilinguisme (ORBI) auprès de 1840 personnes représentatives de la population alsacienne. Avril 1997
  3. Le déclin du dialecte alsacien / Marie-Noële Denis, Calvin VELTMAN, avec la collab. de Monique Wach. - Strasbourg : Presses Universitaires de Strasbourg, 1989. - (Publications de la Maison des Sciences de l'homme de Strasbourg ;  5)  p. 16
  4. Sondage sur "les problèmes de la langue régionale en Alsace et en Moselle". Réalisé par ISERCO pour le Cercle Schickele auprès d'un échantillon de 300 personnes représentatives de la population alsacienne et mosellane (partie germanophone). Octobre 1989
  5. Enquête Etude de l'histoire familiale réalisée par l'INSEE en 1999, Publiée dans la revue "Chiffres pour l'Alsace" n° 12, décembre 2002
  6. Etude réalisée pour l’OLCA par EdInstitut sur la base de 801 personnes résidant en Alsace interrogées par téléphone selon la méthode des quotas entre le 1er et le 9 mars 2012 (cf. supra).
  7. Etude sociolinguistique sur l’alsacien et l’allemand réalisée en 2022 par la Collectivité Européenne d’Alsace, sur la base d’un échantillon de 4001 personnes interviewées sur toute l’Alsace auprès d’une population de 18 ans et plus, du 8 février au 28 mars 2022.